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Sachez que les choses les plus nécessaires, les plus vitales, sont celles les plus faciles à obtenir.
Imaginez que vous rentriez dans un lieu calme, où vous allez pouvoir passer du temps et où vous êtes attendu. Ce lieu est beau, majestueux dans ses dimensions, que vous leviez les yeux pour en admirer la hauteur, la largeur, la profondeur, où que votre regard se pose, tout est une source d’étonnement et d’émerveillement. Mais ne vous laissez pas distraire, vous êtes venu pour le rencontrer Lui. Vous ferez le tour du propriétaire plus tard.

L’accoutumance.
Ne soyez pas surpris si vos yeux ne distinguent rien les premiers temps. Il vous faut patienter un peu. Asseyez-vous et attendez que vos ''yeux'' s’accommodent à ce qui vous semble être de l’obscurité. Car ce lieu n’est éclairé d’aucune lumière provenant de l’extérieur, et il faudra un peu de patience pour que votre vision s’habitue peu à peu à la lueur de la petite flamme présente en cet endroit. Il n’y a là aucune fenêtre donnant sur le monde extérieur, rien de ce qui est du dehors ne peut y pénétrer. Sauf vous.
Ainsi avec persévérance et un peu de pratique, cette humble lumière illuminera toute chose et chassera la moindre zone d’ombre. Accordez-vous du temps, faites-vous confiance et laissez votre vision s’accommoder à ce nouveau type d’éclairage.

Faites silence.
De même, les murs épais de cet édifice ne laissent pénétrer aucun bruit extérieur. Si vous entendez du bruit, du tintamarre, des échos, c’est bien vous qui avez amené avec vous tous ces décibels, comme si vous traîniez derrière vous un fil auquel sont attachés de multiples casseroles et ustensiles de cuisine.

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Il faut également un peu de pratique, notamment la pratique du calme et de l’apaisement, pour faire cesser le tintamarre ininterrompu de vos pensées, en préparant ce moment par exemple. Faites-vous confiance, nous sommes tous capables de nous poser et d’attendre que les bruits extérieurs et intérieurs s’atténuent pour ne leur prêter plus aucune attention. Un peu comme les vagues circulaires créées par une grosse pierre jetée au milieu d’un lac finissent par s’amortir et disparaître presque complètement. L’objectif n’est pas ici de faire stopper le flux ininterrompu de vos pensées, mais de ne pas commencer à les examiner une à une.

Je vous l’annonce par avance, dans un peu de temps, environné du bruit de mille pétards, sollicitations et problèmes même insurmontables, vous saurez plonger au fond de vous-même pour retrouver, avec la simplicité d’un claquement de doigt, le calme qu’offre le lieu de votre intériorité. Et sa Présence.

Pratiquez le silence.
Vos oreilles commencent à s’habituer au silence : ne venez pas rajouter du bruit par de nombreuses paroles, questions, reproches, déclarations, craintes, demandes, supplications ou remerciements. Avant même que vous n’ouvriez la bouche, tout ce que vous allez dire est déjà connu par Celui qui sonde les cœurs et les pensées.

Gagnez du temps – ou plutôt éviter d’en perdre – en ne vous approchant pas bruyamment. Avec l’habitude, vous aimerez ce silence, vous le rechercherez plus que tout, car il vous permettra d’entendre la voix de celui qui parle doucement, avec humilité et sans jamais crier. La fanfare dans la rue, avec ses trompettes, tambours et grosse caisse, ne laisse au triangle aucune chance de faire entendre son doux tintement.

Et vous ne serez pas écouté plus attentivement si vous parlez plus fort, si vous criez ou si vous hurlez en ce lieu. Votre propre voix pourrait couvrir toute réponse murmurée. Personne de malade ne crierait ou ne parlerait sans cesse devant son médecin alors que celui- ci essayerait de vous dire comment vous soigner.

Parlez peu, que vos paroles soient rares, écoutez surtout.

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Venez comme vous êtes.
Si vous attendez d’être parfait pour rentrer en ce lieu, sachez que, parfait, vous ne le serez jamais. Faites-vous violence, privez-vous, donnez tout ce que vous possédez aux pauvres, infligez-vous des mortifications, des meurtrissures, des pénitences, scarifiez-vous, donnez votre corps tout entier pour être livré au feu, brûlez le sous la forme d’une offrande, cela ne vous servira de rien.
Pourquoi ? Parce qu’on ne peut acheter ou rembourser ce qui est gratuit. Si je vous donne gratuitement un livre et que vous tentez de me le payer en me donnant de l’argent, un bien, ou en me remboursant par un service, je m’attriste à penser que vous n’avez pas compris mon geste et mon intention.

Je n’attendais rien de vous en retour, mon seul plaisir était de savoir que cela vous serait profitable et que cela vous rendrait heureux. Et d’ailleurs comment feraient ceux qui ne peuvent pas me rembourser, ou ceux qui n’ont plus le temps matériel de le faire ?

N'attendez pas, venez comme vous êtes.
Même si vous vous sentez indigne, impur, sale, si vous estimez que votre cas est irrécupérable, que vous le pensiez ou non, que le monde entier vous hurle que, oui c’est vrai, vous êtes perdu et bien trop sale pour venir en ce lieu. Soyez sourd à ces cris qui voudraient vous lyncher, n’écoutez pas même votre conscience qui vous condamne peut-être, ne pensez pas que vous allez salir le lieu qui vous attend. C’est même l’inverse qui va se produire : vous allez être lavé, soigné, pansé, débarrassé de vos vieux vêtements que sont les errements de votre vie passée.

À l'opposé, si vous pensez que vos œuvres, votre bonté naturelle, votre exceptionnelle personnalité, vos qualités vont vous précéder et que le maître des lieux va se précipiter à votre rencontre et ouvrir pour vous les portes en faisant annoncer votre arrivée par les trompettes célestes jouant à votre gloire, sachez que votre ego et l’aveuglement quant à votre état réel ne vous permettront pas de passer par la porte étroite. Même en forçant.

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Le roi, comme le dit le conte pour enfant, ne sait pas qu’il est nu. Ni qu’il est aveugle et sale. Que ses beaux vêtements sont une illusion devant celui qui sonde les cœurs et les reins. Ce genre de porte étroite ne se franchit qu’en baissant la tête.

C’est ainsi que les derniers seront les premiers. Et que les premiers seront les derniers. Remarquez qu’il n’est pas dit ici que les premiers ne rentreront jamais dans ce lieu, mais seulement en dernier. Quand ils se seront dépouillés de leur propre justice. Seul le brin du fil à coudre peut passer au travers du chas de l’aiguille. Pas toute la pelote. Se dépouiller va leur prendre un peu plus de temps, un peu plus de temps que celui qui sait, lui, qu’il n’a rien.

Rencontrez le Lui en tant que personne.
Vous êtes venu en ce lieu pour le rencontrer, pas pour adhérer à une religion. Et ne vous laissez pas détourner du merveilleux moment de sa présence par vos soucis ou par vos attentes. C’est lui que vous recherchez, pas une réponse à vos problèmes, même si c’est ce qui vous a amené en ce lieu. Il vous donnera lui-même ce dont vous avez besoin. Et vous risquez d’être surpris par sa bienveillance et sa sagesse.

Sa voix.
Dans le silence, dans le lieu où il vous attend, vous reconnaîtrez sa voix. C’est lui qui nous le dit, il s’y engage. Cette promesse a été donnée, écrite et celui qui vous appelle est juste et fidèle, il respectera sa parole. Il n’est pas un homme pour mentir.

Un endroit au calme.
Choisissez-vous un endroit, au calme, où vous ne serez pas dérangé pendant vingt à trente minutes. Acceptez de ne pas être disponible pendant ces courts moments, pour ne pas être interrompu ou sollicité pendant votre temps d’intériorité.
Vous pouvez utiliser votre réveil, votre téléphone en mode avion ou tout autre chose pour gérer ce temps les premières fois. Installez-vous confortablement pour ne pas que votre corps vous devienne douloureux et se rappelle à vous. Accordez-vous le luxe de n’être pas joignable pendant ces trente minutes, ou organisez-vous pour ne pas devoir l’être.

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Ce que vous allez faire en vous rendant au lieu de votre intériorité est une chose importante pour vous même et le sera également, par ricochet, pour vos proches. Faites-le pour vous, pour vos proches et pour celui qui vous y attend.

Un petit jeu maintenant. Quel est le point commun à tout ce qui suit? Pour l'enfant : saisir un objet, se tenir sur son séant, se lever en s'agrippant, se tenir debout et en équilibre, marcher, courir, parler distinctement, exprimer une demande ; plus âgé: lire, écrire, compter, faire du vélo, se servir d’un ordinateur, réciter des poèmes, parler une autre langue, faire de la dance, du piano, acquérir des compétences, des diplômes, apprendre un métier, conduire une voiture, un avion, un bus etc... Car toutes ces choses ont un point commun. Lequel ?

Il a fallu que vous accordiez du temps et plusieurs tentatives pour y parvenir. Aussi, ne vous découragez pas si vous avez l’impression qu’il ne se passe rien lors de vos premiers moments d’intériorité. Soyez bon et patient envers vous-même.

Persévérez ! Et demandez-LUI de vous aider si besoin.

La récompense.
Venez en ce lieu, en vous, vous êtes attendu !
Votre place a été préparée, car vous êtes un bien aimé. On vous y attend de toute éternité et tout a été fait pour que la rencontre soit belle. Il ne manquait que vous. Vous n’êtes pas un poids, vous n’êtes pas un boulet, vous n’êtes pas de trop, vous ne serez pas placé à l’écart, pas dans les soubassements ni dans les combles. Vous serez même revêtu d’habits, vous serez baigné, lavé, parfumé, et votre présence volontaire et humble sera honorée par celui qui vous recevra.

Vous ferez sa joie, son bonheur, votre présence le ravira. Et vous serez vous même heureux ! Et vous verrez combien il le sera. Vous verrez et vous expérimenterez la joie qu’il a à vous rencontrer.

Car sachez désormais que la porte est ouverte, et que personne ne pourra la refermer. Que vous êtes l’un chez l’autre, l’un avec l’autre, l’autre chez l’un, que la vie qui était prévue bien avant le commencement de ce monde vient de commencer pour vous.

Et que nul ne vous ravira la joie de sa présence en vous.
Sa présence en vous, c’est goûter le Ciel avant de vous y rendre.

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